samedi 1 septembre 2007

Dictées du certificat d'étude: la Ferme d'Antan

Le Lot-et-Garonne, terre agricole qui a accueilli George Sand au château de Guillery vous offre ces images et son Moulin des Tours de Barbaste à découvrir.

Importance de l’Agriculture

"Cultivateurs, quand vous voyez jaunir les moissons,vous pouvez dire avec un légitime orgueil: “C’est à nous que riches et pauvres doivent leur subsistance”. On l’a proclamé avec raison, l’art de cultiver la terre est le premier des arts.
Les anciens l’honoraient entre tous: les Romains récompensaient par le don de quelques arpents les plus éclatants services, et l’on a vu plusieurs de leurs plus illustres généraux, le lendemain de leur triomphe, reprendre la charrue qu’ils avaient quittée pour l’épée.
L’histoire de l’agriculture est pleine de noms et de souvenirs glorieux. En Chine on élève des temples.
Nos fêtes agricoles témoignent du même sentiment d’estime pour ceux dont les labeurs sont la source de la principale richesse du pays"

Mare au diable de George Sand (1804-1876)


"Mais ce qui attira ensuite mon attention était véritablement un beau spectacle, un noble sujet pour un peintre. À l'autre extrémité de la plaine labourable, un jeune homme de bonne mine conduisait un attelage magnifique : quatre paires de jeunes animaux à robe sombre mêlée de noir fauve à reflets de feu, avec ces têtes courtes et frisées qui sentent encore le taureau sauvage, ces gros yeux farouches, ces mouvements brusques, ce travail nerveux et saccadé qui s'irrite encore du joug et de l'aiguillon et n'obéit qu'en frémissant de colère à la domination nouvellement imposée.
C'est ce qu'on appelle des boeufs fraîchement liés. L'homme qui les gouvernait avait à défricher un coin naguère abandonné au pâturage et rempli de souches séculaires, travail d'athlète auquel suffisaient à peine son énergie, sa jeunesse et ses huit animaux quasi indomptés"

Extrait de Regain de Jean GIONO (1895-1970)

« Les labours d’automne ont commencé ce matin. Dès le premier tranchant de l'araire, la terre s'est mise à fumer. C'était comme un feu qu'on découvrait là-dessous. Maintenant que voilà déjà six sillons alignés côte à côte, il y a au-dessus du champ une vapeur comme d'un brasier d'herbe. C'est monté dans le jour clair et ça s'est mis à luire dans le soleil comme une colonne de neige. Et ça a dit aux grands corbeaux qui dormaient en volant sur le vent du plateau : "C'est là qu'on laboure, il y a la vermine". Alors ils sont tous venus, d'abord l'un après l'autre en s'appelant à pleine gorge, puis par paquets, comme de grandes feuilles emportées par le vent. Ils sont là autour de Panturle, à flotter dans l'air épais comme des débris de bois autour d'une barque. »

Le petit moissonneur d’Edgar Quinet (1803-1875) Académicien


Ma joie suprême était d’aller, au soleil levant, moissonner avec les moissonneurs. Je menais exactement la vie d’un paysan. Avec une petite faucille, je moissonnais dans mon sillon; on ne me permettait pas d’emporter ce que j’avais moissonné. Je ne devais regarder comme mien que ce que j’avais glané. Mais de ces glanures, je faisais des gerbes qui m’appartenaient. Je dressais moi-même mon aire, je battais mon blé. Je l’enfermais dans un sac; je l’envoyais au moulin. Et quel moment lorsque je recevais en retour une blanche farine! Je la pétrissais en gâteaux, et je les faisais cuire dans un petit four que j’avais construit.





Le Battage

Deux chevaux robustes, las et patients, tournent le manège qui met en mouvement la machine à battre. Ils font ronfler les roues et les courroies. Un enfant agite son fouet pour exciter et pour chasser les mouches avides de leur sueur.
Des hommes apportent sur leur dos de lourdes gerbes que les femmes, en grand chapeau de paille, pieds nus sur l’aire, donnent à mâcher par poignées à la batteuse, qui bourdonne comme une ruche.
Un maigre et vigoureux garçon enlève la paille au bout d’une fourche, tandis que le grain versé dans une vanneuse à la manivelle abandonne au souffle de l’air les débris de ses tuniques légères. Bêtes et gens agissent de concert avec lenteur obstinée des âmes rustiques.



Les petits bergers
ou la transhumance d'Alphonse de Lamartine (1807-1829)

Nous partons, nous chassons devant le troupeau commun dont la longue file suit, à pas inégaux, les sentiers tortueux et arides des premières collines. Chacun de nous, à tour de rôle, va ramener les chèvres à coups de pierres, quand elles s’égarent en franchissant les haies.
Après avoir gravi les premières hauteurs nues qui dominent le village et qu’on n’atteint pas en moins d’une heure au pas des troupeaux, nous entrons dans une gorge haute, très escarpée, où l’on n’aperçoit plus ni maison, ni fumée, ni culture.

Retour d'Alpage Extrait des Lettres de mon Moulin d' Alphonse Daudet (1840-1897)
Nous partons, nous chassons devant le troupeau commun dont la longue file suit, à pas inégaux, les sentiers tortueux et arides des premières collines. Chacun de nous, à tour de rôle, va ramener les chèvres à coups de pierres, quand elles s’égarent en franchissant les haies. Après avoir gravi les premières hauteurs nues qui dominent le village et qu’on n’atteint pas en moins d’une heure au pas des troupeaux, nous entrons dans une gorge haute, très escarpée, où l’on n’aperçoit plus ni maison, ni fumée, ni culture. ” Puis, tout à coup, vers le soir, un grand cri : “ Les voilà ! ” et là-bas, au lointain, nous voyons le troupeau s'avancer dans une gloire de poussière. Toute la route semble marcher avec lui... Les vieux béliers viennent d'abord, la corne en avant, l'air sauvage ; derrière eux le gros des moutons, les mères un peu lasses, leurs nourrissons dans les pattes ; - les mules à pompons rouges portant dans des paniers les agnelets d'un jour qu'elles bercent en marchant; puis les chiens tout suants, avec des langues jusqu'à terre, et deux grands coquins de bergers drapés dans des manteaux de cadis roux qui leur tombent sur les talons comme des chapes. Tout cela défile devant nous joyeusement et s'engouffre sous le portail, en piétinant avec un bruit d'averse... Il faut voir quel émoi dans la maison. Du haut de leur perchoir, les gros paons vert et or, à crête de tulle, ont reconnu les arrivants et les accueillent par un formidable coup de trompette. Le poulailler qui s'endormait, se réveille en sursaut. Tout le monde est sur pied : pigeons, canards, dindons, pintades. La basse-cour est comme folle ; les poules parlent de passer la nuit !... On dirait que chaque mouton a rapporté dans sa laine, avec un parfum d'Alpes sauvage, un peu de cet air vif des montagnes qui grise et qui fait danser. C'est au milieu de tout ce train que le troupeau gagne son gîte. Rien de charmant comme cette installation. Les vieux béliers s'attendrissent en revoyant leur crèche. Les agneaux, les tout petits, ceux qui sont nés dans le voyage et n'ont jamais vu la ferme, regardent autour d'eux avec étonnement.

LA VACHE de Jules Renard (1864-1910)

Las de chercher, on a fini par ne pas lui donner de nom. Elle s'appelle simplement “ la vache ” et c'est le nom qui lui va le mieux.
D'ailleurs, qu'importe, pourvu qu'elle mange !
Or, l'herbe fraîche, le foin sec, les légumes, le grain et même le pain et le sel, elle a tout à discrétion, et elle mange de tout, tout le temps, deux fois, puisqu'elle rumine.
Dès qu'elle m'a vu, elle accourt d'un petit pas léger, en sabots fendus, la peau bien tirée sur ses pattes comme un bas blanc, elle arrive certaine que j'apporte quelque chose qui se mange. Et l'admirant chaque fois, je ne peux que lui dire : “ Tiens, mange ! ” Mais de ce qu'elle absorbe elle fait du lait et non de la graisse. A heure fixe, elle offre son pis plein et carré.
Elle ne retient pas le lait, - il y a des vaches qui le retiennent, - généreusement, par ses quatre trayons élastiques, à peine pressés, elle vide sa fontaine. Elle ne remue ni le pied, ni la queue, mais de sa langue énorme et souple, elle s'amuse à lécher le dos de la servante.
Quoiqu'elle vive seule, l'appétit l'empêche de s'ennuyer. Il est rare qu'elle beugle de regret au souvenir vague de son dernier veau. Mais elle aime les visites, accueillante avec ses cornes relevées sur le front, et ses lèvres affriandées d'où pendent un fil d'eau et un brin d'herbe.
Les hommes, qui ne craignent rien, flattent son ventre débordant ; les femmes, étonnées qu'une si grosse bête soit si douce, ne se défient plus que de ses caresses et font des rêves de bonheur.
Elle aime que je la gratte entre les cornes. Je recule un peu, parce qu'elle s'approche de plaisir, et la bonne grosse bête se laisse faire, jusqu'à ce que j'aie mis le pied dans sa bouse.

Dictées du certificat d'étude sur la Basse-Cour

Un coloriage avant ou après la dictée!!!



La poule et ses poussins chez nous on dirait la Clouque poule couveuse extrait d'un texte de Buffon ( 1707-1788) Naturaliste

Cette mère qui a montré tant d’ardeur pour couver ne se refroidit pas lorsque ses poussins sont éclos; son attachement, fortifié par la vue de ces petits êtres qui lui doivent obéissance, s’accroît encore tous les jours par les soins qu’ exige leur faiblesse.
Sans cesse occupée d’eux, elle ne cherche de la nourriture que pour eux; elle les met sous ses ailes à l’abri des intempéries et se livre à ses tendres soins avec tant d’ardeur que sa constitution en est sensiblement altérée et qu’il est facile de distinguer de toute autre poule une mère qui mène ses petits, soit à ses plumes hérissées et à ses ailes traînantes, soit au son enroué de sa voix et à ses différentes inflexions, toutes expressives et ayant toutes une forte empreinte de sollicitude et d’affection maternelle.

LA POULE extrait d'Histoire naturelle de Jules Renard (1864-1910)

Pattes jointes, elle saute du poulailler, dès qu’on lui ouvre la porte.
C’est une poule commune, modestement parée et qui ne pond jamais d’œufs d’or.
Éblouie de lumière, elle fait quelques pas, indécise, dans la cour.
Elle voit d’abord le tas de cendres où, chaque matin, elle a coutume de s’ébattre.
Elle s’y roule, s’y trempe, et, d’une vive agitation d’ailes, les plumes gonflées, elle secoue ses puces de la nuit.
Puis elle va boire au plat creux que la dernière averse a rempli.
Elle ne boit que de l’eau.
Elle boit par petits coups et dresse le col, en équilibre sur le bord du plat.
Ensuite elle cherche sa nourriture éparse.
Les fines herbes sont à elle, et les insectes et les graines perdues.
Elle pique, elle pique, infatigable.
De temps en temps, elle s’arrête.
Droite sous son bonnet phrygien, l’œil vif, le jabot avantageux, elle écoute de l’une et de l’autre oreille.
Et, sûre qu’il n’y a rien de neuf, elle se remet en quête.
Elle lève haut ses pattes raides, comme ceux qui ont la goutte. Elle écarte les doigts et les pose avec précaution, sans bruit.
On dirait qu’elle marche pieds nus.[...]

A l’aube à la ferme d’ E.Erckmann & A.Chatrian XIXème


Tout était silencieux, le soleil éclairait à peine la cime des plus hauts peupliers; un calme profond régnait dans l’air.
Peu à peu le jour descendit des toits et les ombres s’allongèrent dans la cour. Puis, au loin, bien au loin, on entendit une alouette qui chantait; puis un coq passa la tête par la lucarne du poulailler, fit un pas, déploya ses ailes brillantes pour y laisser pénétrer l’air frais du matin; un frisson de bonheur souleva toutes ses plumes; il enfla sa poitrine et lança dans l’espace un cri perçant
Enfin les vifs rayons du soleil glissèrent dans les étables; une brebis bêla lentement, toutes les autres lui répondirent.

Le Pré de Jacques de Gachons

Dans la partie la plus élevée, vers le chemin creux, un très vieux chêne étendait ses rameaux en un large geste de protection et donnait une ombre douce et ronde. Plus bas, bruissait un rideau de peupliers. Une source, tout près, remuait et s’élançait sur la pente jusqu’à une petite mare qui servait d’abreuvoir aux hôtes du champ.
Il y avait là deux juments, quatre poulains, douze vaches et six veaux. Çà et là, quelques seigneurs de moindre importance: une vingtaine de poules, deux coqs et un troupeau de dindons. Tout ce petit monde vivait paisiblement, les poulains avec les chevaux, les veaux avec les vaches, les poules picorant en tirailleurs.

Dans la cour de la ferme de G.de Maupassant 1850-1893

Un tiède soleil d’automne tombait dans la cour de la ferme par dessus les grands hêtres des fossés. Sous le gazon tondu par les vaches, la terre imprégnée de pluie récente était moite, enfonçait sous les pieds avec un bruit d’eau, et les pommiers chargés de pommes semaient leurs fruits d’un vert pâle dans le vert foncé de l’herbage. Quatre jeunes génisses paissaient, attachées en ligne, et meuglant par moments vers la maison; les volailles mettaient un mouvement coloré sur le fumier, devant l’étable, tandis que les deux coqs chantaient sans cesse.

Dans la basse-cour d’André Theuriet (Académicien)1833-1907

Tout le poulailler est dehors et la fermière distribue de libérales poignées d’orge à toute la troupe volante, gloussante et chantante.
Au milieu, les coqs dressés sur leurs ergots, la crête rouge en bataille, le cou droit, la queue en faucille, surveillent à droite et à gauche les poules qui accourent en trottinant et se poussent pour becqueter le grain.